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15 juillet 2007

Tired of this shit, Swear I'm going quit, Can't seem to make enough dough, But my cutting's on a roll

EGOISME (terme de philosophie):

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On appelle égoîste l'homme qui croit que lui seul existe au monde, le reste n'étant que songe.

A la grande honte de l'esprit humain, il y  eut à Paris, au début de ce siècle, un homme qui associa son nom à cette absurdité, un certain Gaspard Languenhaert, originaire de la république de Hollande. Il était si beau, dit-on, et si bien tourné que les femmes seules eussent suffi à assurer son succès à Paris, mais la philosophie était sa vraie maîtresse et il voulut s'illustrer par une doctrine.

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Teinté de philosophie anglaise, assez pour saisir les problèmes, trop peu pour les résoudre, il partait de quelques remarques accèptables, dont il tirait des conséquences invraisemblables. Ainsi, disait-il, soit je m'élève jusque dans les nues, soit que je déscende dans les abîmes, je ne sort point de moi même, et ce n'est jamais que ma propre pensée que j'aperçois. Donc, le monde n'existe pas en soi, mais en moi. Donc la vie n'est que mon rêve. Donc je suis à moi seul toute la réalité.

In le Dictionnaire patriotique (1798)

Dialogues au Salon de Madame du Devant:

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(Monsieur de Languenhaert)

-Je n'ai point de corps. Mon corps est immateriel.

(...)

(Madame du Devant)

-Pourquoi donc tenez-vous que votre corps est immarteriel? Seriez-vous comme ces spectres que fait apparaître la baronne de Saint-Gélis au dessus de ses géridons?

-Point du tout, Madame, ce n'est point folie, ni supercherie, mais le résultat philosophique auquel m'a conduit la méditation.

Et il s'ensuit tout un galimatias où il était démontré par A et B que la nature n'existait que dans la tête de notre philosophe, que sons, parfums, matières, couleurs et goûts n'étaient qu'en son esprit, que nous-mêmes n'existions que sous ce même crâne. J'en conclus que, s'il fallait l'en croire, il était normal que tant de choses réunies dans un si petit espace l'eussent effectivement rendu fou.

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In L'Année littéraire 1723-1724 d'Hubert de Saint-Igny

L'égoïsme, ou la philosophie de Monsieur Languenheart:

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Cléanthe:

On fait grand bruit de votre thèse. Vous auriez, paraît-il soutenu que vous n'aviez pas de corps. Mais cela, rassurez-moi, avec quoi l'avez-vous dit? Avec votre bouche?

Automonophile:

Si l'entretien prend cette tournure, je préfère y renoncer de suite.

C:

Pardonnez-moi, je n'ai pu résister au mot.

A:

Il faudrait, pour que vous m'entendiez bien, que je vous expose auparavant ma théorie sur la matière, car tout s'ensuit.

C:

Que dites-vous donc de la matière?

A:

Que la matière n'existe pas.

C:

Quoi? Prétendez-vous vous en tirer par une absurdité pareille?

A:

Dites moi quand êtes vous en droit de dire qu'une chose est?

C:

Quand je la perçois.

A:

C'est bien ce que je voulais vous faire accorder. Ce qui est, c'est ce que je vois, je touche, ou j'entends, ou ce que je me souviens d'avoir vu, touché, entendu, mais rien d'autre. Ce que nous appelons le monde est la somme de nes sensations. Nous ne connaissons pas le monde lui-même, nous avons chacun un monde senti.

C:

Voudriez-vous dire que personne ne sent le même monde? Que chacun a un monde différent?

A:

Exactement. Voyons nous identiquement? Sentons nous identiquement? Tel a la langue goûteuse, tel un nez particulièrement savoureux, tel une sensibilité exquise au bout des doigts, et tel entendrait une mouche éternuer.

C:

Cela est vrai.

A:

Il y a donc autant de mondes que de de particuliers.

C:

J'en conviens.

A:

C'est donc le langage qui est cause que, par commodité, nous parlons d'un mode quand il y en a plusieurs. La disette des termes, nécessaire à la communication, nous incline à prendre le mot pour la chose.

C:

Si je vous suis bien, à cause du langage, nous croyons qu'il n'y a qu'un monde, alors qu'il y en a des milliers.

A:

Oui. Car le monde n'est que dans nos têtes.

C:

Je vous suis bien.

A:

Dès lors, vous pouvez conclure avec moi que la matière n'existe pas puisque tout est dans nos esprits. Rien n'est matérial, tout est spirituel de par soi. La nature n'est que la prose de mes sensations. Appeles sensible ce que l'on appel matériel, vous gardez la réalité et vous gagnez la cohérence. Je ne nie pas qu'il y ait des corps étendus, des odeurs, des couleurs, des saveurs, je ne nie pas qu'il y ait le rugeux, le lisse, le salé, je refuse simplement l'hypothèse d'une matière, cette sorte d'arrière monde independent des qualités perçues. En vérité, le monde n'est que le sensible, on n'en peut point sortir.

C:

Mais si les sensations ne sont pas l'empriente d'objets exterieurs, que sont elles dès lors? Quelle est leur origine?

A:

Moi.

C :

Comment?

A:

Si, si, vous n'en croyez pas vos oreilles, mais vous m'avez bien entendu. Je suis moi même l'origine de mes sensations.

C:

Vous? L'auteur du monde?

A:

Moi même. Ce monde, fait de couleurs, d'objets, d'odeurs, c'est moi qui en suis le créateur.

C:

Mon ami, adieu. L'entretien n'a duré que trop longtemps. Comment pouvez vous dire que c'est votre esprit qui produit lui même, pour lui même, ses sensations?

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A:

Quand vous rêvez, n'êtes vous pas l'auteur de votre rêve? Lorsque vous vous voyez en train de voguer sur la mer, cap sur les Amériques, les vagues sont elles autre chose que le produit de votre imagination?

C:

Naturellement, puisqu'il s'agit d'un rêve.

A:

Qui vous l'apprend?

C:

Le réveil.

A:

Et si vous alliez vous réveiller de la vie?

C:

Allons!...

A:

Qui vous assure qu'en ce moment vous ne rêver pas?

C:

Vous me troublez...

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Mais si ce monde est un monde selon vos désirs, comment expliquez-vous l'existence de la douleur? J'y vois un argument qui met à bas votre système.

A:

La douleur? Vous touchez là à une petite ivention dont je suis assez fier et dont je ne cesse de me complimenter. La douleur est tout simplement une question que je me pose à moi-même pour mesurer la force de mon désir: si la souffrence m'arrête, c'est que je ne tiens guère, au fond, à la chose convoitée; mais si elle se révèle de peu d'obstacle, c'est que mon désir est fort, qu'il est profond. La douleur est en quelque sorte le baromètre de mes envies. Ingénieux, ne trouvez-vous pas?

C:

Certes. Même qi j'ai peur que l'ingéniosité passe la vérité.

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In Philosophies de France et d'Angleterre de Guillaume Amfrye

                     

Seen enough stuff, Thought I got rough, Now I know it aint so, I gotta live my own!

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